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Automne

by Bluegram

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1.
Encre Amère 02:40
A la faveur des affres du crépuscule, je cherche la ferveur d’une page blanche qui s’immacule, La tyrannie d’une encre amère, son couperet, me plonge dans des limbes aux contours inexplorés, Une inspiration livide et triviale, en quête de rédemption et d’une muse au charme animal, Relecture de quelques doux aphorismes, dire qu’ils me rendent dépressifs ne serait pas un euphémisme. Je sors de mon existence d’ascète de l’écriture, pour sculpter du verbe au burin, sans fioriture, Les mots sont douloureux à coucher sur le papier, je dois réveiller de vieux souvenirs trop longtemps délaissés. Un labyrinthe dédaléen sans fil d’Ariane, mon esprit me joue des tours, de ses arcanes, Je reprends doucement cette mécanique implacable, la gorge sèche, les coudes scotchés à la table. La main tremblante au départ de la mélodie, crispé et tendu comme si j’étais sujet à toutes les félonies, Voilà que je retrouve les vieux réflexes d’hier, je murmure quelques syllabes imbibées de bière. Des allers retours incessants sur ce que je viens d’écrire, des ratures éparses intronisant des martyrs, J’imprime peu à peu ces rimes millimétriques, le mimétisme s’imbrique dans un mouvement de lèvres électrique. Passé le doute préliminaire, j’éclaire mon phrasé d’une rage tentaculaire, Un énième effort de diction, mon talon d’Achille, je redouble de travail pour devenir plus subtil. Mon capharnaüm cérébral a disparu, je mets un point final à mon texte pondu, Des cadavres exquis viendront clairsemer mon sanctuaire, j’arroserai des chrysanthèmes de la même encre amère.
2.
Et la routine impose son diktat, bien que mon horloge interne s’affole de son tic-tac, Pas une minute à perdre, c’est ce que je me dis chaque jour, alors je remets tout au lendemain pour qu’aujourd’hui devienne mon premier amour. Je suis une personne carrée, coincée dans un cercle vicieux, entre procrastination totalement décérébrée et désir de toucher les cieux. Je grandis de mes incohérences, à moi seul je suis amalgame, ma sincérité n’est pas transparente comme un hologramme. Les contradictions forgent l’individu, mes prises de position ont juste enrichi le rébus. Personnalité énigmatique, pas plus qu’un autre, juste une flopée de questions qui gravite autour de moi en jouant les astronautes, Trop peu de réponse, marre des sourcils froncés et des coups de semonce. Je respire, un courant d’air de rien c’est ce que j’inspire, Des poumons vidés d’air du temps que j’expire, Quelques tâches d’encre et ça se prend pour Shakespeare, laisse-moi rire. Refrain : Entre les méridiens, je virevolte dans mon monde, m’éreinte entre ses reins, savoure les secondes. Le futur dans les mains, je lis ma ligne de vie, je fais des parallèles, j’assouvie mes envies. Mille marathons pour faire le tour de la terre, j’enfile mes trois bandes et réserve un charter, Je marche sur le côté comme si j’étais saoul, à l’inverse du Christ j’ai toujours voulu sortir des clous. On nous condamne à réussir, à déjouer la chance, pour ma part je fais un poker menteur avec la providence, J’aspire à ramper entre les latitudes, à élever mon esprit vers de hautes altitudes. Armé de patience, je suis parti en guerre contre moi-même et c’est en pleine conscience que j’ai érigé mon totem, Ma subtilité se décline en décimales, derrière la virgule se trouve l’infinie beauté sidérale. Je lève les interdits, pas de la fonte, la musculation m’emmerde je reste à côtés de mes pompes, Je veux tracer des diagonales sur la planète terre, arpenter ce monde comme si j’étais bipolaire. Un peu fou dans mes rêves, je me réveille électrique, trop de bruit dans ma tête, la tristesse des tropiques, Ce désir de partir, d’écouter mes suppliques, voyager, avaler les bornes kilométriques.
3.
Iota 03:37
J’ai pris la clef des champs pour arriver aux portes des villes, sous d’épais nuages noirs, temples des grises mines, Minuscules pupilles, une armée volubile, les fouliens revendiquent leurs humeurs versatiles. Des fantômes insensibles espérant leur oracle, des cartes à puces savantes dans un cirque d’automates, Une vérité opaque, au tison les cénacles, l’individu en duel, une bête de spectacle. Où est-ce que j’en suis moi, à regarder les années dans le rétro, refaisant le monde dans ma tête entre deux stations de métro, Trop de mes rêves ont été braqué lorsque j’avais les yeux cernés, l’incertitude de l’âge adulte m’a bien berné. On se plonge dans les études avec la peur de boire la tasse, un sentiment croissant que le chemin de la fac est une impasse, Dans cette génération désorientée je n’ai jamais trouvé ma boussole, à se faire guider par des caves on se perd dans les sous-sols. On flingue nos utopies avec des tas d’a priori, les rêves sont démolis dans les tréfonds de la bureaucratie, J’ai gratté des feuilles blanches, disserté pour mieux grandir, mais ce ne sont pas les diplômes dans mes poches qui ont éclairci mon avenir. Des récompenses sur les murs comme des trophées de chasseur, j’ai cristallisé mon futur, brocardé mes ardeurs, J’ai vu des amitiés s’évanouir, des mains qui se lâchent, une bande de potes qui se disloque sans même que l’on se fâche. J’ai trop fleuri de marbre pour en rester indemne, de longues semaines de peine qui inaugurent une morne vingtaine, L’espoir s’est fait la malle il y a déjà belle lurette, aujourd’hui je m’en vais le rejoindre en séchant mes larmes sous mes lunettes. Prendre une plume pour tuer le vers solitaire, le cliché prête à sourire, je demeure une personne entière, La truculence d’un môme, la décadence d’un homme, pour narrer l’incandescence d’une décade au microphone. Même si la nostalgie brûle trop souvent mes ailes, consume l’abysse de mes songes, calcine mon potentiel, Je m’effondre sur une barre d’espace et rêve de supernovas, quoi qu’il arrive mes aspirations ne bougeront pas d’un iota.
4.
A la recherche du temps qui passe, celui en train de disparaître pendant que je rêvasse, Et celui qui s’évapore pendant que j’écris, il trouble mon sommeil, écourte mes nuits. Je sens les secondes glisser entre mes doigts et l’avenir tendre sa main vers moi, Je m’accroche et je veux pas l’admettre, mais j’ai une trotteuse figée dans la tête. Pourtant parfois que le temps paraît long, on aimerait le tuer sans silencieux sur son canon, Quand l’ennui est mortel à fixer le cadran, on devient minuscule face à Cronos le Géant. Les aiguilles continuent de faire leur sale boulot, elles tournent toujours en rond sans prendre de repos, J’aimerais poser un temps mort pour profiter de la vie, me libérer de la pendule et de sa tyrannie. Où sont les montres molles chères à Salvador, je ne vois que des souvenirs coulant sur arbres morts, On s’égare dans des activités chronophages, pour refuser la réalité de nos âges. Cette sensation que les années raccourcissent et devant le miroir ce sentiment d’injustice, Alors que certains rêvent de leur quart d’heure de célébrité, d’autres comptent les minutes sans penser à la postérité. Le décompte est lancé dans cette course sempiternelle, et notre destin se joue en deux temps trois mouvements perpétuels. Refrain Des aiguilles dans la tête, des rides sur le visage, Des aiguilles dans les yeux, un autre paysage, Des aiguilles dans le corps, l’attente d’une dernière page, Des aiguilles dans le cœur, des cendres sur le rivage. (Et le temps passe) A mes heures perdues, suspendues, intemporelles, mon esprit s’évade dans des chimères immortelles, Mon sablier doit avoir un grain, mon horloge interne est déréglée, la chronophobie me rend fout à lier. Mes journées de gosse sont devenues des années d’adulte, je me cramponne au quotidien malgré son tumulte, Parfois j’ai l’impression de faire une course contre ma montre et c’est le temps des regrets qui vient à ma rencontre. C’est le temps de la colère quand il faut remettre les pendules à l’heure, seules les années adoucissent l’amertume de nos erreurs, C’est le temps du pardon qui arrive toujours trop tard, les excuses c’est un peu l’Arlésienne partie faire le trottoir. Le temps de l’amour, des instants figés pour toujours, le temps de la haine, d’une rancœur vieille comme Mathusalem, Le temps du militantisme mais mes actions font des anachronismes, le temps de la mort, les aiguilles ont planté le décor.
5.
Digressions 04:03
Je souffle mon haleine humide sur les carreaux sales de ma fenêtre, je dessine impassible, mon doigt devient le pinceau d’un grand maître, Fresque éphémère comme le passage de l’humain sur la terre, attiré par un monde où l’imagination n’a plus de frontières. Dans la rue les ouvriers évoluent au rythme du marteau-piqueur, les petites filles jouent au cerceau, l’insouciance qui inonde leur cœur, Un vieux clochard fait la manche un chien sombre dans ses bras, le facteur distribue ses lettres en sifflant du Sinatra. Le style épistolaire reviendrait à la mode de nos jours, les mots doux jaunissent dans les tiroirs de nos anciens amours, Mon frigo est envahi par les paysages des cartes postales, rêveries africaines mais ici le noir ne fait pas couleur locale. Le racisme ordinaire s’installe dans les chaumières, on s’intéresse à l’étranger que pour son exotisme culinaire, Dans les quartiers populaires les senteurs sont amèrement délicieuses et la lumière blafarde des réverbères joue les veilleuses. Refrain J’observe le monde, je fais des digressions, Je passe d’un visage à un autre, d’un problème à une solution, A chaque seconde, peu importe la situation, Les parenthèses étoilées envoutent mes impressions. Les ouvriers sortent de l’usine harassés par le labeur, pour mille euros par mois, une pâle santé et des douleurs, Faut bien nourrir sa famille, y a le pouvoir d’achat qui baisse, le paquet de pates qui augmente et les patrons qui s’engraissent. C’est pas la crise pour tout le monde, on l’aura compris, les inégalités se creusent comme des tombes sous la pluie, Les morts ne sont pas les mêmes ici ou dans le Tiers-Monde, chez nous on les pleure, là-bas ils les comptent. Les mathématiques sont cruelles, l’équation est élémentaire, on additionne les drames, on soustrait les commentaires, Chacun doit la fermer, pas de questions, pas de problèmes, les tourments citoyens n’intéressent pas les oreilles politiciennes. Les enjeux électoraux piétinent les idéaux humanistes, malgré tout le jour des urnes les moutons de Panurge insistent, Les orateurs de la République haranguent nos comportements, à trop se serrer la ceinture le pantalon devient trop grand. Refrain Dehors les joueurs de cartes ont pris possession des squares, les breakers improvisent quelques pas de danse sur le trottoir, Le romantisme s’installe les dimanches ensoleillés, comme un coup de foudre qui frappe sur la terrasse d’un café. L’amour distribue ses flèches et fait flancher les cœurs, les célibataires se fâchent en nourrissant leur rancœur, On recherche tous l’imprévu pour nous sortir de la routine, en quête de ces quelques secondes où tout s’illumine. Le quotidien égrène ses jours comme de cruels regrets, broyé par la solitude vagabonde aux milles contrariétés, Je regarde une dernière fois les nostalgies forcées qui s’épanchent, et j’efface mes dessins d’un revers de manche… Refrain
6.
Ça bouchonne dans ma vision périphérique, je joue sur plusieurs tableaux, je me perds dans les lignes de fuite. Funambule sur un philarmonique, mon train de vie déraille, j’inverse la vapeur chronique. Pas de cartes de séjour pour apprivoiser ces nuits, je bouge, les immobiles disent que je fuis. Assis à l’ombre d’un doute j’ai laissé germer mes rêves, pour les faire voltiger et gémir en arpège, Je suis pas un timbré dans une enveloppe corporelle mais bien un fou tissant des diagonales sensorielles. Courbé sur l’origine du monde et tous ses paradigmes, j’irai au diable Vauvert me dénicher un paradis, Même si mon miroir ne reflète pas mon époque, je recule pas devant l’avenir, j’y vais en moon-walk.
7.
C’était une journée comme une autre à boire des litres de café, comme Charles Bukowski s’enfilait des litres de whisky, La tête par la fenêtre à respirer les odeurs de mafé, en regardant les passants je fredonnais « My Melancholy Baby ». Je laissais divaguer mon esprit dans les embouteillages, souriant aux prises de bec des automobilistes, Je rêvais de dessiner mon futur avec une boite de coloriage, en fond sonore la télé et les conneries de notre premier ministre. Un coup d’œil furtif à ma montre machinalement, je me disais que ça me ferait pas de mal d’aller un petit peu marcher, La casquette visée sur ma tête, je fermais mon appartement, pour me diriger sans me presser à la terrasse d’un troquet. Commande d’un petit noir et James Ellroy comme compagnon, ni une ni deux je dévore trois-quatre chapitres, Une paire de Ray-Ban pour couper le soleil sur mon front, à peine dérangé par la serveuse qui écrit le menu sur la vitre. Je récupérais les grains de sucre avec le bout de mon doigt, j’écrivais quelques rimes sur une feuille de papier, Dérobée par un coup de vent me laissant pantois, une demi-seconde après le temps s’est arrêté. Elle venait de s’asseoir à deux tables de la mienne, je l’ai regardé boire son thé rouge tout doucement, Elle était ce rayon de soleil qui arrête les pluies diluviennes, j’ai eu le souffle coupé par sa beauté caressant le firmament. J’ai surmonté ma timidité pour lui décocher un sourire, elle me l’a rendu de façon charmante, Je me suis invité près d’elle comme ça sans prévenir, elle a souri de mes manières maladroites et galantes. Au coin de la rue un trompettiste souffla quelques notes, il jouait du Miles Davis pendant qu’on discutait, Elle était le plus beau des pays, je me sentais patriote et je commençais à rêver d’un corps à corps improvisé. Et j’ai laissé monter la fièvre, pas du genre à avoir la corde au coup je reste pendu à ses lèvres, Mes rêves dansaient sur ces notes de jazz, je lui offre un verre et balbutie quelques phrases. Egaré dans les fantasmes d’une beauté diaphane, les palpitations montent crescendo sous mon diaphragme, Mon flegme s’effondre lorsque sa main m’effleure, mon cœur flanche et je ne vois pas passer les heures. Le temps est suspendu, les passants semblent immobiles, il n’y a que sa beauté qui fait saliver mes pupilles, Légère et gracile, je tombe sous le charme en un battement de cils. La discussion se prolonge vers les lueurs crépusculaires, la lumière sélène veille sur nous comme une mère, Puis le ciel se fissure en millions d’étoiles et l’étrangeté de la nuit fait naître une saudade. La mélancolie s’immisce dans nos âmes singulières, la parenthèse est savoureuse mais le sel de la vie est amer, Il y a des blessures sous les sourires, la souffrance ressurgit comme de vieux souvenirs. La rencontre est belle, inespérée, sur la terrasse de ce café quelque chose vient de se passer, Envouté par ses yeux qui font fondre ma carcasse, le supplice se rompt lorsqu’elle s’approche de moi et m’embrasse.
8.
S’ouvre le bal des silhouettes sans ombres, d’une danse macabre, statique et sombre, Les songes s’effacent, la noirceur illumine, dans de curieuses galeries où le désespoir s’agglutine. Aux ordres du Maître et de son fouet invisible, châtiments aux comportements irascibles, Un marionnettiste face à une audience muette, le regard forcé par la baïonnette. Les yeux vidés de sens, l’esprit s’embrume et tend lentement vers l’évanescence, Des kyrielles des corps s’érigent, la rage s’atténue, muselée par la main de fer qui dirige. La pensée unique fait sa propagande, au dessus du pavé on danse la sarabande, L’espérance abdique en étouffant ses cris, la société évolue nourrie au mépris. Refrain Les pieds figés dans la lave, Voir le courage qui se love, d’un peuple de statues. L’innocence qui se livre, Et l’abattement de lève, d’un peuple de statues, d’un peuple de statues. Et l’abattement se lève, L’innocence qui se livre, d’un peuple de statues. Voir le courage qui se love, Les pieds figés dans la lave, d’un peuple de statues, d’un peuple de statues. Le mépris nourrit l’évolution de la société, les cris étouffés voient l’espérance abdiquée, La sarabande au dessus du pavé se danse, l’Unique fait une propagande qui se pense. Dirigée, la main de fer musèle, elle atténue la rage des corps qui s’érigent en kyrielles, L’évanescence lentement embrumée, autant de sens et d’esprit que les yeux sont vidés. Un bâillon pour une audience muette, la force du regard face à la marionnette, La race est la cible du Maître et de son comportement, son fouet invisible ordonne les châtiments. Dans des galeries illuminées, agglutinés face au désespoir, les songes sont curieusement noirs, Une danse macabre et statique a sombré, les silhouettes sans ombres ouvrent le ballet.
9.
La terre tourne, le monde peut bien avancer sans moi, je vois ce qu’il devient, merci très peu pour moi, Les gens ne se parle plus hormis sur internet, les amitiés disparaissent en fermant une fenêtre. J’ai pas de temps à perdre à cracher ma haine sur des forums ni à m’astreindre à suivre tous les décorums, Je les vois atteindre le point Godwin lamentablement, les murs de leurs vies sociales s’effondrent inexorablement. Je me sens pas concerné, je me sens consterné, je vais pas me prosterner devant un mode vie gangréné, La grandiloquence du monde fait de moi un remplaçant, au ban de la société j’attends la troisième mi-temps. Je veux pas qu’on me vende une existence 2.0, je suis un fils du XXème siècle pas de Ground Zero, Je reste hermétique à leurs peurs par satellites, ils veulent salir nos esprits pour les passer au lavomatique. C’est comme ça que ça se passe du biberon à l’épitaphe, on reste des quidams déboussolés cherchant leurs places, Les stratagèmes fleurissent, la vanité montre ses épines, je demeure de la mauvaise herbe qu’on arrache à ses racines. Pendant que les bourses jonglent avec nos futurs et que les rêves s’effondrent sous le poids des factures, Je veux plus laisser mon destin entre les mains du pognon, à espérer le feu sacré et m’éteindre comme un Cro-Magnon. Je m’abandonne dans mes onirismes utopiques, en caressant les lettres au milieu des chiffres et des statistiques, Pour être né entre Tchernobyl et la chute du Mur de Berlin, je me situe entre l’ironie des frontières et le monde de demain. Bref, j’aspire à autre chose que ce qu’on nous a programmé, vivre loin de leurs existences aseptisées, Je vais pas rêver de diamants sur canapés, je veux juste écouter mes mélopées sous canopée. Refrain J’espère que la folie du monde ne m’atteindra pas, Je bâtis mon petit monde à chacun de mes choix, Je m’isole de leurs ondes qui me suivent pas à pas, Sous la canopée je profite de mes mélopées. Et même si je reste attiré par les baisers sucrés de Babylone, comme un junkie en perpétuel sevrage de Méthadone, Je suis un agoraphobe dans la foule du capital, ce monde va trop vite, me sape le moral. Je fuis la multitude, je médite sur des monticules, je construits ma vie en ayant jamais peur du ridicule, Je m’éloigne de la canopée, le noyau des humains, car trop les côtoyer anticiperait ma fin. Je savoure ces mélopées les yeux fermés, la mélancolie de la musique sur mon âme blessée, La simplicité des plaisirs, de nos actes, de nos gestes, je carbure à l’amour, je me contrefous du reste.
10.
11.
Les étoiles se cassent la gueule et la nuit devient noire, les rues se font envahir par des milliers de cauchemars, Les trottoirs sales sont martelés par les talons hauts, vitres qui se baissent, moteurs qui grondent, hurlements d’autoradios. La ville scintille, des bouteilles se brisent, le courant ne passe plus lorsque les regards s’électrisent, Les corps jonchent le sol, la fête pour oublier, frénésie destructrice sous musique syncopée. L’ivresse déverse sa tristesse par grosse averse, mercenaire sous verre, souveraine de la misère, Là-haut le réverbère simule la lune, singe son attitude, enveloppe son monde de sa lumière lugubre. Les fantômes de la nuit sont partout, tout bas les tabous tombent, comme des coups de bas, des ombres dans des tombes, Les chiens aboient, la maraude passe, les vagabonds perdus tentent de survivre sous l’épaisseur de crasse. Crasse de la ville, laideur des hommes, requiem triste accompagnant un troupeau de bête de somme, Les noctambules se frôlent et s’ignorent, leurs va-et-vient incessants ne bousculeront pas l’aurore. Le silence se suicide devant une symphonie dans le noir, dans le noir… Le silence se suicide devant une symphonie dans le noir. La ville étouffe, plonge dans le critique, étranglée à la gorge par une ceinture périphérique, Couche de graisse sur le comptoir, les kebabs ne ferment pas, les bobos pensent faire du social en bouffant leur kefta. Près des néons des clubs de strip les taxis patientent, nuit longue et monotone, labeur dans l’attente, La brume précède l’aube et ses contours carmin, le froid mord un peu plus au purgatoire du matin. Le vomi se mélange à la pisse dans les caniveaux, ruisselle, emporte les seringues des toxicos, Les diurnes commencent à pointer le bout de leur nez, les boulangeries embaument les ruelles de l’odeur du pain chaud et frais. Et puis il y a ce type à terre qui se relève pas, une énième âme qui s’évapore et que personne ne pleurera, La rosée embrasse son corps comme une dernière confidence et clôt une nuit où les étoiles n’ont brillé que par leur absence.
12.
Automne 04:32
Etrange lumière, le soleil n’écrase plus mes paupières, l’horizon se cache dans la brume, l’automne vient fleurir les cimetières, Les choses éphémères apaisent les habitudes, aspirent la solitude, cette tendance à combler le vide sombre face à la révolte de l’éphéméride. L’automne et son fardeau chronométré, une heure de perdue, dix de déprimées, les feuilles mortes font voltiger la tourmente, accentuant une douleur lancinante. Une goutte à goutte dans ma tête, le vacarme ruisselle, mon esprit se défenestre, quand la haine étouffe l’amour, je suis pas pressé de rattraper les bruits qui courent. Parfois je vois mon avenir dans une tempe libre, sur un carré de peau pour rétablir l’équilibre, Un cantique pour de l’acier froid, quand le sang bout sous le tremblement de mes doigts. Fin de journée, comme Jackie Brown j’écoute The Delfonics, je descends une bière, je remonte le Styx, Ma tête est remplie de questions éludées où les réponses sont squelettiques comme des arbres aux branches dénudées. Tempête sous mon crâne, le doute s’est niché au fin fond de ses arcanes, La grisaille s’immisce dans le subconscient, je me pers dans le brouillard, j’ai l’impression d’être déficient. J’enferme mon monde sous ma capuche, les mains dans les poches, je voudrais pouvoir faire plus en ignorant les reproches, Les lobes cachés sous mon casque, je décline en espérant une nouvelle aube fantasque. Pourquoi crier sa colère, attirer le regard des gens, Des paroles pour fendre l’air, lorsqu’il n’y a plus rien d’important. Au sol les rameaux sont amers, écrasés par l’ironie du temps, Déjà la neige recouvre la poussière et calfeutre tout de blanc. Trop de bouteilles à la mer, prisonnières de l’océan, Des regrets impossibles à soustraire et pleurer son dernier printemps. Aucun compagnon de galère, sous le souffle froid du vent, La solitude déploie ses serres, pour lacérer les sentiments. Enveloppé d’un givre austère, on peste contre les éléments, Se blottir sous les réverbères, tout en regardant les passants. Drapée dans son costume de lumière, la ville vomi le scintillant, Les eaux noires de la rivière, recueilleront les pénitents. Le cœur happé par la terre, on fuit l’automne en maugréant, Attendre l’arrivée de l’hiver, ne plus se souvenir du printemps.

credits

released September 1, 2014

Textes écrits par Julien Barthélémy.
Musique composée par Yann Rouquet.

Album enregistré, mixé et masterisé au studio Millau’zic-Priam par Anthony "Toash" Boyer.

Cover Photography : Neels Castillon (www.neelscastillon.com).
Artwork : Neels Castillon & Quentin Jouret (quentin-jouret.over-blog.com).
Design/Layout : Matthieu Roziere.

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